Salle N°79

Amaryllis soupira. Cela faisait déjà plusieurs minutes qu'elle était là, mais personne ne semblait se monter et ce couloir commençait sérieusement à lui à lui faire peur !

Et puis, il y avait ce Sam qui l'exaspérait particulièrement. Mais la directrice n'avait pas pris la peine de séparer les colles, de toute évidence.

Pour le moment, plus tôt la directrice arriverait, mieux cela serrait ! Et si elle pouvait arriver avant cet Elémentaliste... au moins, elle n'aurait pas besoin de passer autant de temps avec lui !

Une colle... Combien de temps ça devait durer ? Une heure ou deux ? 30 minutes ? 15 minutes ? 10 secondes ? Ou pas de colle, c'était bien aussi...

"Grrrr..." grogna-t'elle, le regard dirigé vers le couloir sombre et sans fin. Celui-ci lui faisait de l'échos...

Sam arriva les pieds traînant. Se faire coller ! Lui ! Par son propre professeur, qui plus est ! Et avec la Kinsë la plus horrible de tous les temps ! Comment pourrait-il tomber plus bas ?

Il ne connaissait pas les Colles d'Arcanthe et n'avait pas eu le temps de demander à Xeleiss comment elles se passaient. Il aurait peut-être dû... Mais bon ! Cela se passerait certainement vite, du moins il l'espérait.

Il arriva dans le couloir et chercha la salle 79. Mais il l'aperçut en trouvant Amaryllis, droite, comme enracinée dans le sol telle une plante verte, qui grognait.

*Oula ! Avec qui suis-je réellement tombé ? Une folle lobotomisée ?*

Il gardait continuellement ses bonnes manières, excepté avec ses ennemis et Amaryllis et son ennemie privée numéro 1. Du moins, pour l'instant !

Il s'assit à ses côtés sans vraiment la regarder et soupira. Puis, voyant qu'aucun d'eux ne parlaient, il décida à dire d'une voix grave :

"Puisque nous risquons parler du temps ensemble, je te propose une trève... du moins passagère ! ou très furtive. Je t'ai provoqué en duel lorsque nos pouvoirs seront égaux, alors là nous règlerons cela ! Compris ? D'accord ?"

On ne laissa pourtant pas répondre Amaryllis.

"Mr Enengelo. N'attendez donc pas pour provoquer Melle Quetch alors ! Pour le moment, vos pouvoirs sont à peu près égaux, mais malheureusement pour vous, ils sont également proche du zéro."

La voix sortit de nulle part fut accompagné par des bruits de pas rapides. Lorsque la directrice s'arrêta à leur niveau, celui de la Salle n°79, elle s'adressa de nouveau à Sam avec un petit sourire.

"Cependant, vos efforts de réconciliation avec cette jeune fille sont appréciables. Aussi, j'espère que vous continuerez sur votre lancée..."

Son sourire se changea en expression narquoise.

"Oui, je pense que vous en aurez besoin... Votre retenue sera particulièrement éprouvante..."

Dans un grincement sourd, la porte s'ouvrit, révélant... une forêt !
Les arbres avait l'air tout à fait normaux. Mais on ne voyait même plus les murs ! Comment une salle aux proportions si gigantesque pouvait se trouver dans un château ?!
La forêt s'étendait à l'infini !

"Voici votre prochaine tâche. J'espère pour vous que vous savez grimper aux arbres... fit-elle, ironiquement. Il s'agit d'arbres Comaks au très mauvais caractère. Comme vous le voyez, ils ne possèdent pas beaucoup de feuilles mais elles sont dispersées sur l'ensemble des branches."

Elle avança un peu dans la forêt. Pour l'instant, il n'y avait aucun bruit, à part celui de la Nature et des oiseaux qui chantaient.

"Les Comaks donnent des fruits qui se nomment Comkrils, ressemblant à des cerises de la taille du poings, mais leur goût est absolument délicieux et bien supérieur."

Jusque là, cela se présentait comme bien facile. Mais une chose était intrigante : le sol était mou, comme s'il s'agissait de coussins.

"Comme vous l'imaginez bien, il y a une difficulté. Les Comaks ont, comme je le disais, très mauvais caractère. La seule façon d'y grimper est d'appuyer sur deux points sensibles du tronc, ce qui calme l'arbre. Voilà l'intérêt d'être deux ! L'un de vous grimpera dans l'arbre afin de ramasser les Comakrils pendant que l'autre appuiera sur les deux nœuds qui sont visibles. Attention ! Il faut tendre les bras et c'est fatiguant !"

"... Je ne vous conseille pas non plus de relâcher les nœuds car, non seulement le cueilleur sera éjecté, mais aussi celui qui est en bas. De plus, je vous déconseille également de toucher les feuilles du Comak, car c'est un autre de ses points sensibles, et le contact avec l'humain vous amènera au même résultat : être éjectés tout les deux !"

Il n'y avait que peu de fruits sur chaque Comak, et une Comakril était bien loin de sa jumelle ! Voilà pourquoi il fallait faire des aller-retours dans l'arbre, mais aussi du haut en bas, car on ne pouvait prendre que quelques fruits dans ses bras.


"Ne vous inquiétez cependant pas, dit-elle finalement, avec un petit sourire, qui ne laisser rien présager de bon ! Si vous tombez, votre chute sera ralentie par la Magie du lieu, donc pas de danger de chute mortelle. En revanche, je n'ai pas exclu que cela pouvait tout de même faire mal... Et les courbatures et les hématomes feront sans doute parti de votre retenue..."

Lied observait à présent les deux jeunes gens. Elle espérait qu'ils avaient bien retenu son explication car sinon... ça allait être douloureux !

"Donc, je récapitule : ne pas toucher aux feuilles et maintenir la pression sur les deux nœuds, compris ? On va dire que je veux... Hum... 50 Comakrils dans les paniers qui sont là-bas... Des questions peut-être, avant que je ne vous abandonne cruellement ?"

"Dans ce cas-là, c'est réglé ! Vous ferez la moitié des arbres chacun ! Je vous confie le soin de répartir la tâche également ! Sachant bien que si l'un de vous failli, les deux se retrouveront à terre !"

Elle commença donc à partir, lorsque quelque chose lui revint en tête.

"Ah oui ! J'oubliais ! Faire attention ! Lorsqu'ils sont de mauvaise humeur, les arbres peuvent également vous lancer des projectiles. Ceux-ci, comme vous l'aurez bien compris, sont bien sûr leurs précieuses Comakrils. Ne cherchez pas à les recevoir dans leur lancée, car les Comaks ont beaucoup de force. Cela pourrait vous projeter plus loin. De plus, les fruits tâchent..."

[ Une précision : on dit un Comak et une Comakril... ]

Bien sûr, s'ils se retrouvaient projetés, les tâches sur leurs vêtements seraient secondaires aux hématomes qu'ils recevraient !
Sur ce, la directrice s'éloigna en laissant les deux jeunes gens.

"Tu te fiches de moi ou quoi ! Je ne cherche pas la compétition, là, contrairement à toi, on dirait. Je tiens autant que toi à partir le plus vite possible, alors, puisque tu es si forte, on se partagera les tâches comme Mademoiselle Dämmerlicht vient de le faire ! Se serait trop facile de te laisser faire ce que tu as envie."

*Même si j'en ai rien à faire de faire l'un ou l'autre... Si elle croit qu'elle va commander ! Il faut qu'elle se calme un peu !*

Sam lui lança un regard noir, avant de s'approcher d'un de ces étranges arbres, le regard légèrement inquiet. Il tenta de toucher le tronc, mais il cru voir l'arbre frémir. Il fit un pas en arrière, avant de s'adresser à Amaryllis :

"Bon, monte en vitesse et prends les fruits !"

Il ajouta, d'un ton sacarstique :

"Et surtout ne va pas te tâcher..."

Il se colla, le coeur battant, contre le bois rugueux, et écarta les bras, de manière à embrasser le tronc. Il chercha un instant des doigts les deux noeuds qu'avait mentionné Lied et les trouva. Ils étaient un peu plus durs. Il appuya dessus...

L'effort n'était pas si aisé qu'il ne l'avait cru : la position qu'il avait pris n'était pas du tout confortable et il devait exercer une pression constante sur les deux points sensibles, sous peine de se faire projetter en arrière...

L'arbre ne bougea pas, comme auparavant, mais il cru voir les branches se détendre légèrement et se tendre au bout. Comme si l'arbre lui-même se reposait...

"Bon, tu te grouilles, Quetch ?"

"Tu ne cherches pas la compétition, murmura-t'elle. Compris."

"Dans ce cas-là, la prétention doit faire parti de ton être à part entier... Ne t'inquiète pas pour les tâches, je n'ai pas peur de me salir. En revanche, j'imagine que son sang de noble paysan doit bouillir à la moindre imperfection."

Elle avait dit tout cela d'un air détaché, comme s'il agissait d'une conversation tout à fait normale. De toute façon, elle ne se sentait pas assez bien pour s'énerver...

Sa réaction ne se faisant pas attendre, elle grimpa d'une traite vers une branche sûre. Cependant, il n'y avait que peu de Comakrils sur cet arbre ! Sur tous les autres également !

Prenant bien garde de ne pas toucher les feuilles, elle commença à ramasser les fruits dans ses bras. Un, puis deux, puis trois. Au quatrième, elle faillit toucher une feuille mais parvint à se décaler au dernier moment. Le déplacement d'air un peu violent fit tout de même bouger la feuille et l'arbre trembla. Rien de grave. Elle réussit à saisir un quatrième fruit, puis un cinquième. Elle n'avait bientôt plus de place dans ses bras, mais de toute façon, il ne restait qu'une Comakril dans les branches.

Le problème, c'est qu'elle était entourée de feuilles, quasiment masquée. Impossible à approcher sans les toucher. Amaryllis faillit y aller tout de même, mais elle s'arrêta, préférant lâcher l'affaire.

La jeune Kinsë redescendit avec cinq Comakrils dans les bras, qu'elle déposa dans la panier. Elle avait eut raison de ne pas prendre ce dernier avec elle, car il fallait garder toute la mobilité possible, lorsqu'on était en hauteur.

Sam la regarda descendre avec ennui.

"Bon, tu me laisses aller chercher la dernière ou je t'attends encore trois heures ?"

Mais il ne pouvait en réalité pas bouger, sinon la Kinsë se recevrait certainement l'arbre en pleine figure... Le panier était proche d'une branche assez basse...

*Quoique... C'est tentant...*

Mais il se ravisa en découvrant que si la branche touchait Amaryllis, elle allait également l'envoyer dans les airs...

Il attendit ainsi qu'elle remonte afin de pouvoir changer de tronc et d'inverser les rôles...

"Il n'en reste qu'une seule ? Grouilles-toi, on va pas y passer la nuit !"

"Laisse tomber, espèce d'idiot ! Elle est entourée de feuilles ! Vas-y, si tu veux mais moi je ne te soutiendrai pas... malgré ton "petit" entraînement de bourgeois !"

A ce moment, elle lui aurait bien envoyé un fruit dans la tête, mais le déstabiliser les aurait envoyés tous les deux en l'air alors...

Si elle n'avait pas eu la tête qui tournait, elle aurait probablement pu faire une pirouette autour d'une branche et saisir la dernière Comakril. Ou bien aurait-elle voulu le croire...

"Allez, on passe à l'arbre suivant, fit-elle, de mauvaise humeur. Parfois, il faut savoir faire preuve de stratégie et de subtilité... Je t'apprends quelque chose peut-être ?"

"Ouais c'est ça..." lâcha Sam en s'approchant d'un autre arbre, sans regarder Amaryllis.

"Tu ne m'apprends rien. Mais je ne pensais pas que tu connaissas ces mots là, toi... Stratégie et subtilité... En tout cas, t'en uses pas beaucoup !"

Il monta sur l'arbre qui bougea aussitôt violemment.

"Qu'est-ce que t'attends pour l'attrapper ? Je compte pas passer toute ma vie ici !"

L'arbre remuait fort, et si la Kinsë ne faisait pas quelque chose rapidement, ils risquaient tous les deux de se faire balancer dans le décor...

Sans un mot, Amaryllis s'approcha de l'arbre. Décidément, cet Elémentaliste était vraiment très grossier. Bien sûr, elle imaginait bien que tous n'étaient pas comme lui, mais elle n'avait pas vraiment eu de chance de tomber sur le pire...

La jeune fille avait des courbatures depuis la nuit dernière. Elle devait sans doute sortir d'un rhume...
Tendre les bras fut quelque peu douloureux. De plus, c'était difficile d'atteindre les deux nœuds, et plus encore de rester ainsi, immobile. Cependant, Amaryllis n'était peut-être pas si rapide mais elle se révélait très résistante, une particularité des Dunedelms sans doute. Mais s'il fallait faire tous les arbres !

"Pffff... Quel ennui ! Cela ne m'amuse que très peu de voir une sorte de singe qui s'excite tout seul dans son arbre..." soupira-t'elle.

Sam sentit l'arbre s'apaiser. Il parvint à attraper facilement quelques fruits, qu'il laissa tomber sur la tête de la Kinsë en l'entendant parler.

"Oh, excuse-moi, je ne l'ai pas fait exprès..." fit-il avec un ton volontairement très hypocrite.

Il s'en retourna dans les feuillages, avec une grande agilité, faisant attention au moindre de ses mouvements, pour tenter non pas d'impressioner la Kinsë, mais de la faire taire quant à ses insultes.

Il en attrappa encore cinq ou six et aperçut la toute dernière, qui trônait tout en haut de l'arbre. L'accès était de plus en plus difficile et l'Elémentaliste dû se courber et se mettre dans des positions toutes courbées et impossibles pour y arriver. Il la toucha, mais ne parvint pas à l'attraper. Surtout que les branches étaient ici plus nombreuses, mais moins grosses et qu'elles soutenaient à peine son poids... Une s'affaissait peu à peu... Jusqu'à ce qu'elle craque.

Sam se sentit tomber, mais parvint à s'agripper à la branche plus solide qui soutenait le dernier fruit. Les pieds dans le vide, il tenta en vain de se hisser, comme paralysé. Il regarda le sol, bien bas... Pourquoi était-il monté si haut ?

Mais les paroles de la Directrice lui vint soudainement... Qu'avait-elle dit déjà à propos des arbres et de leurs fruits ? Tout en réfléchissant, il se sentait trembler, n'arrivant plus à se soutenir. La panique montait en lui...

Il se souvint avec soulagement des paroles de son Professeur...

Citation :

Ne vous inquiétez cependant pas ! Si vous tombez, votre chute sera ralentie par la Magie du lieu, donc pas de danger de chute mortelle...

Mais une autre parole lui surgit soudain dans les oreilles, comme si on les lui hurlait :

Citation :

Je vous déconseille également de toucher les feuilles du Comak, car c'est un autre de ses points sensibles, et le contact avec l'humain vous amènera au même résultat : être éjectés tout les deux !

Et que faisait Sam ? Il était entouré de feuilles, il les tenait pour ne pas tomber, et il venait de casser une branche remplie de pousses !

Il se rendit alors compte d'une chose, tout en tenant bon : ce n'était aps lui qui tremblait... mais l'arbre...

Il tenta de hurler quelque chose à Amaryllis, mais n'y parvint pas, la voix cassée. Il ne pouvait pas sortir un seul mot...